Par Juliette Caringi
En juin dernier s'est créé un mouvement humoristique sur Twitter, souligné par la tendance du hashtag #UneFemme et du compte @PepiteSexiste. Ce mouvement remet en cause l’invisibilisation des femmes dans les médias, et plus particulièrement dans les articles de presse.
Voici quelques-uns des tweets qui se sont insurgés de façon comique sur Twitter contre l’anonymat des femmes dans les articles de journaux. Et pour cause… Les femmes sont trop peu citées en titre d’articles, leur identité souvent reléguée au sous-titre, voire au contenu des articles, qu’ils soient politiques, économiques, scientifiques, etc. Les médias français s’étonnent ou se félicitent même de voir des femmes accéder à des postes importants : maires, ministres, présidentes ou directrices… mais ils oublient trop souvent leurs noms.
La page Wikipédia « une femme » a ainsi vu le jour fin juin 2020. Elle rappelle les différents métiers et occupations, mais aussi les différentes nationalités de « une femme » qui semble être partout à la fois. Marine Périn est la porte-parole de l’association féministe Prenons la
Une, une association de femmes journalistes qui lutte pour une juste représentation des femmes dans les médias et pour l'égalité professionnelle dans les rédactions. Elle donne son ressenti sur le mouvement : « C’est une façon amusante de dénoncer cette formule générale qui essentialise, invisibilise les femmes ». Elle continue en expliquant : « Les médias s’en tiennent à ces cas jugés exceptionnels. Imaginerait-on titrer un article par “Un homme nommé…“ ». L'AFF (Association Française du Féminisme) a publié le 1er juillet un article, intitulé « Pour plus de visibilité des femmes dans les médias : si on commençait déjà par les nommer ? » dans lequel elle affirme que 39 titres d'articles publiés en juin 2020 mentionnaient « une femme » sans citer son nom.
Si la twittosphère a lancé ce mouvement le mois dernier, ce phénomène de société existe malheureusement depuis bien plus longtemps. Dans notre article sur l’effet Matilda, on vous expliquait que les femmes ont trop souvent été, au cours de l’histoire, anonymisées et oubliées, leurs découvertes et inventions scientifiques attribuées plutôt à des hommes. C’est également pour lutter contre cette invisibilité que nous vous avions présenté dans un autre article les femmes cachées de l’histoire de l’informatique. En effet, il est crucial de mettre des noms et des visages sur les femmes qui participent au progrès, qu’il soit scientifique, politique ou culturel et celles qui sont nommées à des postes importants. Nommer les femmes, c'est arrêter de participer à ce phénomène de société sexiste qui contribue encore et toujours à les invisibiliser.
« Les médias s’en tiennent à ces cas jugés exceptionnels. Imaginerait-on titrer un article “Un homme nommé…“ », Marine Périn
C’est évidemment contre les journaux et magazines, contre les médias en général, qu’est dirigée cette critique. C’est à eux que l’on reproche de mettre en avant le genre, mais aussi parfois l’âge et la nationalité au lieu d’un prénom, d’un nom, d’une identité. C’est à eux que nous demandons : qui est « une femme » ? Mais il en va aussi de la responsabilité de chacun de se demander qui sont ces femmes, de mettre des noms sur les positions prestigieuses qu’elles sont de plus en plus nombreuses à occuper, de donner de la visibilité à « ces femmes » qui méritent bien mieux que ce titre !
Alors, pour information, la présidente de la Nouvelle Zélande s’appelle Jacinda Ardern, la première ministre belge Sophie Wilmès. Kathy Lueders est la première femme nommée à la tête des vols habités de la Nasa. 20 ans après la loi sur la parité en politique, 17% des maires élues au scrutin de 2020 sont des femmes. Parmi elles, Jeanne Barseghian à Strasbourg et Michèle Rubirola à Marseille rejoignent cette année Anne Hildalgo à Paris, Martine Aubry à Lille et Johanna Rolland à Nantes (toutes trois réélues en 2020) à la tête de cinq des dix plus grandes villes de France. Enfin, la femme d’affaires afro-américaine embauchée par Netflix en tant que directrice marketing est Bozoma Saint John et c’est la marocaine Najat Rochdi qui a été nommée au poste de coordinatrice spéciale adjointe des Nations unies et de l’action humanitaire pour le Liban.
Et pour participer au mouvement #UneFemme, l’équipe de #JeSuisIngénieurE vous propose des présentations de femmes du monde scientifique, que vous ne connaissez peut-être pas encore ! Alors rendez-vous dans l'onglet "Liens et ressources" de notre site, sur la page #UneFemme.
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